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DOCTRINE RELIGIEUSE DE NOVALIS

ou Gittermann et des piétistes comme de Valenti ou Nicolas de Brunn. De même les livres d’édification les plus répandus comme l’Ami de la maison de Hebel, les Heures de recueillement de Zschokke, les Paraboles de Krummacher sont animés d’un sincère libéralisme. De toute part s’élèvent au sein du protestantisme des voix qui réclament l’union en une seule Église évangélique des luthériens et des calvinistes. Il se trouve même des théologiens de profession comme Rothe qui croient entrevoir, après la période des divisions religieuses, l’avènement d’une ère de synthèse et espèrent la réconciliation finale du protestantisme et du catholicisme en un « catholicisme spéculatif, positif, rationnel ».

Ce sont là les dispositions qui se reflètent dans la religion de Novalis. Il ne faut point y voir un défi porté à la raison et à l’instinct scientifique, une déclaration de guerre à l’esprit moderne, une tentative de restaurer la foi catholique du moyen âge. Elle est un mysticisme enthousiaste et compréhensif qui se sent en communion avec tous ceux qui pressentent dans l’univers un principe divin et s’efforce d’unir en un même élan d’adoration et d’amour ceux qui aspirent au « retour à Dieu », à la réalisation graduelle du Divin dans le monde.