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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

nante de la versification » inaugurent, comme on l’a dit, une date nouvelle dans l’hymnologie évangélique. À une époque où les chants d’église ne faisaient guère que développer de plats lieux communs de morale, Hardenberg a su découvrir à nouveau la source profonde de l’émotion religieuse. Aucune traduction, malheureusement, ne saurait donner une idée, même lointaine, du charme prenant de ces strophes toutes simples et unies. Il faut lire dans l’original des pièces comme le célèbre hymne à Jésus Wenn ich ihn nur habe, ou l’hymne à la Vierge Ich sehe dich in tausend Bildern pour sentir le prix de ces effusions ingénues comme une prière d’enfant et que nous n’hésitons pas à placer, avec les lieder spirituels de Bach, parmi les créations les plus pures et les plus touchantes du génie lyrique religieux de l’Allemagne.

Ayant ainsi brièvement rappelé les titres de gloire de Novalis comme poète lyrique, nous passons tout de suite à l’étude de ses deux grandes œuvres épiques, le fragment du Disciple à Saïs et surtout Henri d’Ofterdingen.

Si comme penseur, Novalis a puisé, nous l’avons vu, à des sources très diverses, il n’a guère subi, comme auteur de romans, qu’une seule influence vraiment importante, celle de Gœthe. C’est dans Wilhelm Meister qu’il a trouvé, de son propre aveu, le modèle dont il s’est inspiré pour son œuvre capitale, Ofterdingen.