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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

risme, l’intuition du grand mystère des choses, l’aspiration à l’âge d’Or, au rétablissement de l’Unité rompue, l’élan de l’âme vers une sagesse née de l’amour et de la poésie, supérieure infiniment aux spéculations de la raison, vers le règne de l’Éternité où l’homme, libéré enfin de l’illusion dualiste, reprendra sa place dans la symphonie universelle, se sentira de nouveau un avec la nature et avec Dieu.

Comment devait s’achever le Disciple à Saïs ? On est réduit, sur ce point à de très incertaines conjectures. Dès les premières pages du fragment, Novalis nous parle d’un Enfant merveilleux et énigmatique qui était demeuré quelque temp asu Temple. « À peine était-il arrivé que déjà le Maître voulait lui remettre l’enseignement. Il avait de grands yeux sombres avec un fond bleu comme l’azur du ciel. Son teint brillait de l’éclat des lys et ses cheveux bouclés étaient pareils aux petits nuages clairs qui s’illuminent quand vient le soir. Sa voix nous pénétrait l’âme, et nous lui aurions donné volontiers nos fleurs, nos pierres, nos plumes, tout ce que nous possédions. Son sourire était empreint d’une gravité infinie et un bonheur indicible emplissait nos cœurs en sa présence ». Ce mystérieux Messie de la nature — que Novalis a chanté aussi dans ses hymnes théosophiques, — devait évidemment reparaître dans la suite du roman et jouer un rôle capital. « Un jour il reviendra, avait annoncé le Maître aux disciples, et il vivra