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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

à Saïs le même fond d’idées que dans les Fragments. Et le premier roman de Novalis, n’est, en effet, guère autre chose qu’une suite de dialogues philosophiques où se trouvent exprimées sous une forme tout à la fois abstraite et lyrique, les diverses solutions que le cercle romantique donnait vers ce moment à l’énigme de la nature. Novalis n’a pas encore trouvé l’art de dire sa pensée à l’aide d’images concrètes, au moyen de symboles mythologiques. Ce progrès, il l’accomplit dans Ofterdingen que nous allons étudier maintenant.

III

C’est vers le début de 1799, peu de temps après ses fiançailles avec Julie Charpentier, que Novalis semble avoir conçu le projet de son Ofterdingen. Frédéric Schlegel se dispose vers ce moment à lancer dans le public allemand sa Lucinde, ce manifeste paradoxal et volontairement offensant de l’esthétisme et de l’immoralisme romantique, contre la morale « économique », le plat rationalisme et le prudent utilitarisme du « philistin ». Novalis vient de lire en manuscrit le roman de son ami. C’est alors que, dans une lettre du 27 février à Caroline Schlegel, il annonce à sa correspondante qu’il travaille, lui aussi, à un grand roman qui sera, d’ailleurs, radicalement différent de celui de son ancien