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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

camarade. Chez l’un tout est en style d’église ou de temple dorien, chez l’autre tout en style corinthien. Il espère avoir terminé sous peu la première partie de l’ouvrage. Il forme d’ailleurs le dessein, ajoute-t-il, de consacrer sa vie entière à l’élaboration d’un roman unique — qui formera peu à peu toute une bibliothèque et décrira peut-être « les Années d’apprentissage d’une nation ». Il pense, par ce projet grandiose, donner satisfaction à ses aspirations historiques et philosophiques. Et il projette, pour se préparer à cette tâche grandiose, un voyage dans le Nord et dans le Sud de l’Europe, en Norvège et en Écosse d’une part, dans l’Archipel grec de l’autre. — Il semble difficile, encore que le nom même du héros ne soit nulle part prononcé dans cette lettre, qu’il puisse s’agir d’un autre projet que de celui d’Ofterdingen. Novalis aura ainsi conçu, dès l’abord, la grande œuvre poétique à laquelle il se proposait de consacrer la meilleure partie de sa vie, d’une part comme un roman cosmologique, d’autre part comme une sorte de contrepartie romantique des Années d’apprentissage de Wilhelm Meister.

Sur la composition même du roman, nous savons peu de chose. Si nous en croyons un témoignage de Tieck, Novalis aurait trouvé, au printemps de 1799, un récit de la légende d’Ofterdingen dans la bibliothèque de son ami le major (plus tard géné-