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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

des pressentiments de sa vie supérieure obscure et mystérieuse.

Au terme de la première partie, Novalis ouvrait devant l’imagination du lecteur des perspectives étranges et grandioses sur un monde nouveau. Klingsohr, dans un conte qui était à la fois une fiction poétique et une explication mythologique de l’univers, racontait la fin du mirage dualiste, la destruction du royaume du Soleil et l’avènement du règne de l’Éternité.

La seconde partie devait nous faire assister à la dissolution graduelle du monde réel dans le monde de la fiction et du rêve. Ofterdingen voyait s’évanouir peu à peu les barrières de l’individuation qui séparaient son moi des autres moi ; derrière la réalité terrestre, s’ouvrait pour lui le monde des Esprits. Par une extension graduelle de son moi il découvrait enfin l’unité du monde de l’Esprit et du monde de la nature, il apprenait à concevoir l’identité dernière où se confondent l’univers réel et la fiction mythologique, la destinée du monde et le conte de Klingsohr ; il devenait conscient de l’idéalisme magique, de la toute puissance créatrice de l’Esprit, du règne de la poésie.

Examinons successivement le roman de Novalis à ces diverses étapes.