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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

dingen rencontre le maître mineur Werner qui éveille en lui la curiosité du monde souterrain et l’initie au mystère des profondeurs intimes de la nature.

Par ses récits le jeune homme apprend à connaître l’existence des travailleurs obscurs et patients, qui explorent les entrailles de la terre pour lui arracher ses trésors et ses secrets. C’est une vie simple, dure et rude que vivent les mineurs, — une vie bénie de Dieu pourtant, car il n’est aucun art qui rende ses adeptes plus heureux et plus dignes, qui éveille mieux la foi en une sagesse et une providence éternelles, qui conserve mieux dans sa pureté originelle l’innocence et l’enfantine candeur de l’âme. Le mineur naît pauvre, et pauvre il s’en retourne à la terre. Il lui suffit de savoir où se trouvent les métaux précieux et de les amener à la surface. Mais leur éclat trompeur ne peut rien sur son cœur pur. Exempt de toute folie dangereuse, il jouit plus de leurs formations merveilleuses et de l’étrangeté de leur origine, que de leur possession avec toutes ses promesses. Il garde ainsi le contentement intérieur et un cœur d’enfant. Et il vit conformément à la loi naturelle : « La nature, explique le maître mineur, ne veut pas être la propriété exclusive d’un seul. Elle transmue toute propriété exclusive en un poison mauvais qui met en fuite la paix, et allume chez le riche la perni-