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LA JEUNESSE DE NOVALIS

près du Livre de la très divine religion, près du Livre très saint ; là seulement cherche la consolation qui t’avait fui. De là coulera à flots en ton cœur la paix bénie, l’intime félicité et, sur ton rude sentier, te sourira le divin contentement ». Plus concluants encore sont les passages nombreux qui attestent l’effort passionné du jeune homme vers un idéal moral supérieur, où il confesse humblement les défauts qu’il se reconnaît et aspire ardemment à se rapprocher de la perfection qu’il entrevoit. « Sans force, je me vois condamné par le sort à la jouissance indigne d’un homme ; je frémis lâchement devant le danger. La destinée m’a donné une éducation efféminée. Je suis non pas son favori mais son esclave ». Et il conclut : « Prends-moi donc, ô Parque, ce que des milliers d’êtres implorent, ces dons que ta bonté m’a si généreusement départis ; donne-moi les soucis, la misère, les tourments ; mais en échange donne de l’énergie à mon esprit. » Ce ne sont point là les accents d’une âme blessée par le doute. L’adolescent qui écrivit ces vers n’a pas vu se dresser devant son imagination la vision inquiétante de la « mort de Dieu ». C’est un croyant qui a foi en Dieu, qui sait où est le bien et le mal, et qui, conscient de sa faiblesse et de ses imperfections, voudrait se rapprocher de l’idéal qui flotte devant son imagination.

La religiosité très sincère du jeune Hardenberg