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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

parviennent à découvrir l’Empire intérieur, alors le sortilège qui envoûte les hommes sera brisé, alors luira le jour de la liberté, car l’Or en se répandant sur la terre, aura cessé d’exciter les convoitises et la cupidité. Et le vieil océan, libre enfin de ses liens, envahira le château désert et, sur ses molles ailes d’émeraude, nous ramènera au sein de notre patrie.

Sous la conduite du maître mineur, cependant, Henri et quelques-uns de ses compagnons vont visiter une caverne profonde, que la superstition populaire peuple de dragons, de monstres et d’apparitions redoutables.. Ils y rencontrent un noble ermite, le comte de Hohenzollern, qui s’est retiré dans cette austère solitude, loin du monde, au fond d’une grotte, près du tombeau de son épouse, Marie de Hohenzollern. Le maître mineur avait initié Henri d’Ofterdingen au mystère de la nature. Auprès du noble ermite il va trouver la révélation de l’Histoire.

De la science de la nature à l’histoire, la transition est en effet, pour Novalis, naturelle et presque insensible. La « physique » n’est autre chose — nous nous en souvenons — que l’histoire primitive de la terre. Les vastes cavernes où s’entassent les ossements d’animaux étranges et puissants, nous remémorent l’époque sauvage où, au sein d’une nature redoutable et violente, des monstres terribles menaient une vie dangereuse et précaire. Et