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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

qui nous élève au-dessus des maux terrestres. « La jeunesse ne lit l’histoire que par curiosité, comme un conte amusant. Pour l’âge mûr elle est une amie céleste, une pieuse consolatrice qui, par ses sages entretiens, le prépare doucement à une existence plus haute et plus ample et lui parle en de claires images du monde inconnu ».

Le véritable historien doit donc être aussi un poète ; car seuls les poètes connaissent l’art de bien relier entre eux les événements. « Il y a plus de vérité dans leurs contes que dans les chroniques érudites. Quand bien même leurs personnages et les événements qu’ils relatent sont fictifs, l’esprit dans lequel ils sont conçus est plein de vérité et de naturel. Il est à peu près indifférent pour notre plaisir et notre instruction, que les personnages dans les destinées desquels nous trouvons la trace des nôtres aient ou non véritablement vécu. Nous voulons connaître par intuition l’âme grande et simple d’une époque, et si notre désir est exaucé peu nous importe l’existence accidentelle des figures de ce passé ».

Initié ainsi successivement à la Chevalerie et à l’Orient, à la Nature et à l’Histoire, Henri Ofterdingen est mûr à présent pour la consécration suprême qu’il va recevoir, au terme de son pèlerinage, dans la maison de son grand-père. Au moment où, couverts de poussière, les voyageurs