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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

Pendant que l’ermite et les compagnons d’Henri vont visiter d’autres parties de la caverne, le jeune poète reste plongé dans la contemplation d’un manuscrit écrit dans une langue inconnue et qui exerce sur lui une étrange fascination. Or quel n’est pas son étonnement lorsqu’il y découvre son portrait, puis bientôt aussi ceux de l’Ermite, du vieux mineur, de l’Orientale, ceux enfin de la plupart de ses connaissances. À mesure qu’il tourne les feuillets, sa propre image lui apparaît en une série d’états successifs ; vers la fin elle devient plus grande et plus noble ; les dernières images sont troubles et inintelligibles ; la fin du manuscrit manque. Quel est le poète et l’imagier qui a ainsi « prévu » la vie d’Ofterdingen ? Le jeune homme apprend seulement par l’Ermite que le livre qu’il a feuilleté était un manuscrit provençal relatant les aventures d’un poète et contenant une apologie de la poésie. Une sympathie immédiate se noue d’ailleurs entre lui et l’Ermite qui prononce en le quittant ces paroles significatives : « Un jour viendra où nous nous reverrons et où nous sourirons de nos discours d’aujourd’hui. Un jour céleste nous environnera et nous nous réjouirons de nous être amicalement salués dans cette vallée d’épreuves et d’avoir eu les mêmes dispositions et pressentiments. Ce sont là les anges qui nous conduisent sûrement ici-bas. Si vos yeux sont fermement dirigés vers le ciel, vous ne perdrez jamais le chemin de la patrie.