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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

voir magique, l’harmonie de l’âme troublée. — Puis elle livre les Parques aux tarentules et aux araignées porte-croix qui les dévorent. L’antique Nécessité s’évanouit dans le néant. L’Inanimé a de nouveau rendu l’âme, la Vie règne désormais, elle utilisera l’Inanimé en lui donnant la forme. — Enfin la Fable ranime la vie au sein de la Nature en léthargie. Aidé des serviteurs d’Arcturus, Zinc, Or et Tourmaline, les producteurs de l’énergie électrique, elle fait jaillir le courant galvanique dans les membres du vieux géant Atlas qui portait le monde sur ses épaules, et qui, perclus de douleurs, avait laissé choir son fardeau sur le chaos. Ranimé par l’éclair vivifiant, il tressaille et se redresse plein d’une vigueur nouvelle. Cela fait, elle pénètre dans la maison en ruines où Ginnistan pleurait sur le cadavre du Père ; elle établit entre eux la chaîne galvanique, ranime le Père en lui donnant un corps glorieux d’une fluidité merveilleuse et unit ainsi en un légitime mariage le Sens anobli et l’Imagination purifiée. Elle rassemble enfin les cendres de la Mère, les verse dans la coupe de l’autel et fait boire à tous ce breuvage d’amour qui les régénère et les sanctifie. La Mère céleste est présente désormais en tous comme le Christ est, par le miracle du pain et du vin, présent dans tous ceux qui participent à la Cène.

Grâce au dévouement de la Mère et à l’action