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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

a su penser par images, muer en visions concrètes les conceptions des philosophes de la nature, créer un symbolisme original et vivant en amalgamant en un tout harmonieux les mythologies de la Grèce et de la Germanie, du christianisme et de l’Orient. Je n’essaierai pas de juger à mon tour cette œuvre infiniment curieuse à mon gré, mais trop contraire, semble-t-il, au goût français pour qu’elle puisse jamais devenir populaire parmi nous. Je me suis borné, dans mon analyse, à essayer d’indiquer quelles ont été les intentions du poète, à faire sentir comment, dans cette fantaisie mythologique, Novalis a essayé de traduire sous une forme symbolique les idées directrices de sa philosophie. Il me reste, pour achever ma tâche, à montrer quelle devait être la place du Conte dans l’économie générale du roman.

VI

La première partie du roman de Novalis retrace, nous l’avons vu, l’histoire d’une individualité particulière, d’un poète vivant dans un milieu déterminé, à une époque précise. Henri d’Ofterdingen y est présenté, non pas comme un personnage imaginaire, mais comme un être réel, à l’existence de qui nous devons croire.

Le Conte de Klingsohr, au contraire, nous est donné par l’auteur comme un mythe jailli de