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Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/243

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CONCLUSION

pensées qui traversent sa longue agonie : « Celui qui a vu clairement que le monde est le royaume de Dieu et dont le cœur a été pénétré jusqu’au fond par cette grande conviction — celui-là marche sans crainte sur l’obscur sentier de la vie et voit venir avec un calme profond les orages et les dangers ». Une autre fois, cette remarque touchante : « Où l’enfant dort-il plus tranquille que dans la chambre de son père ». Ailleurs encore, cette sereine acceptation de ses souffrances : « N’ai-je pas choisi toutes mes destinées moi-même, de toute éternité ? » Ou bien ce soupir, si émouvant dans sa simplicité biblique, qui s’exhale de son cœur peu de temps avant la fin : « Dieu sait le temps de la maladie, car toute maladie vient en son temps. Fais comme l’enfant bien sage : c’est ce qu’il y a de mieux » (Fein kindlich, das ist das beste) !

Sa vie s’éteignit doucement, dans une sérénité toujours plus apaisée, comme ces adagios douloureux de Bach, dont les modulations complexes se résolvent peu à peu en un large accord majeur. En janvier 1801 on le transporte à Weissenfels afin qu’il meure du moins dans la maison paternelle. Son frère Charles et sa fiancée le soignent. Il est de plus en plus faible, mais sa résignation se fait toujours plus paisible. Vers la fin de mars son ami Frédéric Schlegel vient une dernière fois lui rendre visite : « Il n’avait aucun pressentiment de sa mort, écrit-il,