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CONCLUSION

et l’on ne croirait pas qu’il fût possible de mourir avec tant de douceur et de beauté. Tout le temps que je le vis, il était d’une indescriptible sérénité, et bien qu’une extrême faiblesse l’empêchât, le dernier jour, même de parler, il prenait encore à tout l’intérêt le plus cordial ». Le 25 mars il demanda à son frère Charles de lui jouer du piano. Puis il s’endormit et s’éteignit doucement entre les bras de son frère et de son ami, quatre ans, presque jour pour jour, après la mort de Sophie. Il n’avait pas achevé sa vingt-neuvième année.

II

Que vaut, en définitive, l’œuvre de Novalis ? Que vaut cette conception de la vie, dont j’ai essayé d’analyser les traits principaux, ce mysticisme poétique et passionné, si profond à certains égards et presque puéril à d’autres, si séduisant et pourtant si chimérique.

De son vivant, Novalis inspirait, nous l’avons vu, une profonde et sincère admiration à ses amis romantiques, aux Schlegel et à leur cercle, à Tieck, à Schleiermacher, à Ritter. On l’aimait comme homme, on rendait hommage à son talent de poète. Mais on ne le tenait nullement pour un génie hors pair, ni ses écrits pour d’intangibles chefs-d’œuvre. Il arrive à Frédéric Schlegel de s’irriter contre la