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CONCLUSION

pensée qui se cherche encore ; ils sont une tentative imparfaite pour exprimer à l’aide de formules abstraites ses pressentiments et ses illuminations de mystique visionnaire.

Issu du romantisme et canonisé par les romantiques, Novalis devait évidemment voir sa gloire contestée, à mesure que s’est développée, au cours du xixe siècle, la réaction anti-romantique. Quand le mysticisme apparut comme une « maladie » ou comme une symptôme de décadence, quand le réalisme utilitaire et le positivisme pratique se dressèrent avec une assurance et un mépris toujours plus hautains contre l’idéalisme chimérique du romantisme, quand l’opinion libérale s’insurgea avec une irritation croissante contre le traditionnalisme réactionnaire de l’époque de la restauration, au point de vue politique comme au point de vue religieux, on vit se produire aussi, dans l’opinion, un revirement plus ou moins hostile à Novalis. On nota avec sévérité et impatience les points faibles et les insuffisances de son art, de sa pensée, de sa sagesse. Rien n’était d’ailleurs plus aisé, en raison de l’étrangeté de sa personnalité et du caractère paradoxal de ses idées.

Il est clair, d’abord, que si l’on cherche, par exemple, selon les procédés de Nietzsche, à démêler à travers une philosophie les conditions physiologiques qui l’ont inspirée, si l’on regarde comme bonne et