Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251
CONCLUSION

décidée auprès des fervents du « libéralisme » politique et religieux. Quand Frédéric Schlegel eut publié en 1826, dans la 4e édition des Œuvres complètes le fameux pamphlet Europe ou la Chrétienté — dont il supprimait d’ailleurs soigneusement les passages hostiles au catholicisme contemporain, — Novalis dut inévitablement apparaître aux libéraux comme le type accompli de réactionnaire romantique et comme un dangereux adversaire de l’esprit moderne. Renégat du protestantisme, il diffamait l’ère des lumières, les conquêtes de la raison et se livrait à une apologie scandaleuse des Jésuites, de l’obscurantisme et du catholicisme médiéval. Renégat de la Révolution française et du principe libertaire, dénué de tout sens du droit, il regardait la foi et l’amour comme le fondement nécessaire de toute association humaine et opposait à la notion moderne de l’État, une conception nettement aristocratique et théocratique. — Un doctrinaire du libéralisme comme Arnold Ruge voyait, en 1839, dans l’apologie de l’irrationnel le ferment réactionnaire du romantisme. Il montrait comment l’esprit moderne, arrivé au faîte de la culture, sacrifie ses conquêtes à une ombre illusoire du passé, comment la glorification de l’arbitraire individuel et de l’anarchie sentimentale aboutit, par une logique immanente, à la restauration de la théocratie et du despotisme. Et il dénonçait en Novalis le représentant séduisant