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CONCLUSION

et subtil de cet irrationalisme dangereux qui menaçait d’arrêter le développement de l’humanisme rationaliste. De même, à une époque plus récente, M. Brandes désignait Novalis comme le Joseph de Maistre de l’Allemagne. — Or, nous savons aujourd’hui, que Novalis, loin d’avoir été un promoteur conscient de la renaissance du catholicisme ultramontain, était convaincu que le catholicisme romain sous sa forme officielle devait fatalement périr à bref délai. Il professait un mysticisme interconfessionnel et ses sympathies pour le catholicisme médiéval étaient avant tout esthétiques. En politique aussi il ne songeait pas à faire revivre le passé. Il était « républicain » et vaguement socialiste à sa façon par son patriotisme civique qui absorbait l’individu dans le citoyen ; et il posait en principe que « plus l’homme est civilisé et plus il est membre intégrant d’un État policé ». — Il n’en reste pas moins vrai que, par son aversion absolue pour la « petite » raison, pour l’intelligence calculatrice, il s’est mis en opposition décidée avec les rationalistes de l’ère des lumières ou de l’époque révolutionnaire et avec ceux qui, aujourd’hui, prétendent continuer leur œuvre dans le domaine de la politique et dans celui de la religion.

Constatons enfin que, si Novalis est malmené par les fervents du libéralisme, il demeure d’autre part, en dépit de son évidente sincérité religieuse, assez