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CONCLUSION

licisme vrai, la soumission docile à l’autorité sacrée de l’Église le conduiront au salut. — Et ce jugement d’Eichendorff garde sans aucun doute aujourd’hui encore sa valeur. Novalis ne sera jamais, dans l’armée catholique, qu’un « volontaire », qu’un « irrégulier », dont on accepte les services, mais dont on se réserve le droit de renier les compromettantes audaces.

On voit ainsi, au total, les limites entre lesquels oscillent les jugements de valeur portés par la critique sur Novalis. Célébré par les romantiques comme un saint et comme un martyr, pleuré, au dire de Goethe, par des troupes de jeunes filles et d’étudiants qui se rendaient en pèlerinage sur sa tombe et la couvraient de fleurs, il a été discuté ensuite et, parfois combattu non sans âpreté, par les adversaires du romantisme et de la réaction politique et religieuse. Sa réputation a subi une éclipse momentanée vers le milieu du siècle dernier, au moment où l’Allemagne intellectuelle se détachait de l’idéalisme et du romantisme, pour évoluer vers le réalisme en littérature, vers le matérialisme en philosophie. Saint-René Taillandier constate, en 1854, que les Allemands renient les maîtres qu’ils aimaient hier, mais il prédit qu’ils reviendront sur ce jugement passionné. Et il ne se trompait pas.

Le romantisme a eu sa revanche. Au matéria-