Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
CONCLUSION

Allemagne. Son monisme peut se comparer au panthéisme de Spinoza qui séduit à ce moment la plupart des romantiques depuis Fichte, Schleiermacher ou Schelling jusqu’à Schlegel ou Steffens. Sa philosophie religieuse le rapproche de Schleiermacher qui définit la religion « l’intuition de l’infini dans le fini », et voit dans l’« intuition » et le « sentiment », l’élément propre de la vie religieuse. Son idéalisme magique enfin n’est qu’une variante paradoxale du volontarisme de Fichte qui regardait l’activité libre comme l’essence du moi et la source originelle de toute la vie consciente de l’humanité. Comme les grands représentants du premier romantisme c’est une nature complexe qui unit en une synthèse hardie des éléments en apparence disparates et presque contradictoires. C’est un mystique ardent mais aussi un amant de la vie, un délicat épicurien et un fonctionnaire modèle. C’est un contempteur de l’intelligence théorique en même temps qu’un passionné de la spéculation métaphysique et de la science positive. C’est un admirateur de la théocratie du moyen âge et pourtant un libre esprit hostile à tout despotisme religieux ou politique. — Je reconnaîtrais même volontiers, avec un des plus récents historiens de cette période, que Novalis est peut-être la figure la plus pure et la plus touchante du romantisme. Presque tous les écrivains de ce groupe