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L’EXPÉRIENCE DE L’AMOUR ET DE LA MORT

Ofterdingen, et qui est devenue l’emblème de la nostalgie romantique. Cette inquiétude, il espère d’abord la calmer en embrassant la carrière de soldat, en acceptant les obligations sévères et la discipline stricte du métier militaire. Mais il voit bientôt que c’est là une illusion. À Wittemberg déjà, ses aspirations prennent une autre direction. Il lui semble que c’est dans la vie familiale qu’il trouvera la satisfaction de ses aspirations. Pendant les vacances qui suivent sa sortie de l’université, il vit dans l’attente du grand amour qui fixera son âme instable. Le voluptueux que son tempérament ardent entraîne sans cesse à de nouvelles aventures, le volage étudiant qui ne peut s’empêcher de courtiser toutes les femmes qui passent à sa portée, qui fréquente le demi-monde de Iéna et de Leipzig, qui s’amourache de Julie à Leipzig, qui à Wittemberg se délasse de ses arides études de droit en contant fleurette avec son ami Kommerstedt à deux petites bourgeoises aux tresses blondes, qui à Weissenfels remplit la contrée du bruit de ses aventures galantes, qui à Tennstedt se lie d’amitié sentimentale avec la fille de son hôte et instructeur Just, qui même fiancé se laisse entraîner à flirter avec Jette Goldacker, — « Fritz le papillon » comme l’appelle son frère Erasme, se sent la vocation impérieuse de se marier et de fonder une famille. « Je vis, écrit-il à Schlegel trois mois avant sa première rencontre