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Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/47

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L’EXPÉRIENCE DE L’AMOUR ET DE LA MORT

se débat sous l’étreinte d’un mal implacable est bien celle qu’il cherche à travers les sentiers de la vie. Ses doutes se sont tus. Son âme toute entière est remplie désormais par une seule pensée, par une seule angoisse : si cette flamme vacillante vient à s’éteindre, si la mort est plus forte, c’est l’écroulement de tout son rêve de bonheur, de toutes ses espérances terrestres. Ce n’est pas seulement un être aimé entre tous qu’il perd : c’est la vie elle-même qui n’a plus de sens pour lui. Il se compare à un joueur désespéré, qui voit, impuissant, se dérouler une partie où se joue ce qu’il a de plus cher au monde, un joueur « dont toutes les chances sont suspendues à ce fait unique, qu’un pétale tombera dans ce monde-ci ou dans l’autre ».

Mais cette nostalgie qui entraîne l’âme vers un idéal mystérieux, qu’est-elle dans son essence, se demande Novalis. Et peu à peu se précise en lui l’intuition que cette aspiration n’est au fond rien d’autre que le sentiment religieux et que son objet dernier est donc par conséquent Dieu. On peut chercher Dieu par l’intelligence, par la réflexion. Lui-même l’a fait lorsque, à la suite de Schlegel, il s’est engagé dans le labyrinthe de la spéculation philosophique. Mais on peut aussi chercher Dieu par le cœur, par l’amour. L’amour humain qui pousse la créature vers la créature, par qui se magnifient en nous les facultés imaginatives, par qui