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L’EXPÉRIENCE DE L’AMOUR ET DE LA MORT

Nuit et de la Mort et vient calmer leurs angoisses. Il rachète l’humanité pécheresse, en vidant « la coupe sombre d’indicible souffrance ». Il triomphe de la mort : « Dans la mort seulement fut révélée la Vie éternelle. Tu es la Mort et tu nous apportes le salut ». Désormais le Christ victorieux règne sur le monde. « Ressuscité à une vie nouvelle et divine, le Christ monta sur le trône de l’univers rajeuni et régénéré. Il ensevelit le vieil Univers mort avec lui dans le sépulcre qu’il quittait ; et sur la tombe il scella, de sa main toute puissante, la dalle que nulle force ne soulèvera plus ».

Par son immolation volontaire, le Christ a révélé à tous le caractère illusoire de la vie terrestre, le mirage du royaume du jour ; il a ôté à la mort son aiguillon en nous initiant aux splendeurs de la Nuit et de l’Eternité. Et l’homme, à sa suite, se sent attiré par une invincible nostalgie vers ce séjour de paix, où l’attendent les êtres aimés qui sont partis avant lui. Son cœur est rassasié et le monde est vide. Pourquoi tarderait-il davantage ? Et parmi le crépuscule du soir qui tombe, la théorie des affligés s’achemine vers la maison paternelle et s’abîme dans la vie divine : « Un rêve brise nos liens, et nous dépose doucement dans le sein de notre Père ».

Par cette ardente nostalgie vers un monde de l’être derrière le monde des phénomènes, vers