Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE III


LE RETOUR À LA VIE

I

La volonté de notre mystique n’avait pas été assez forte pour retenir sur la terre sa fiancée. Elle se montra tout aussi impuissante à le détacher, lui, de la vie. Peut-être sa « résolution » de mourir eut-elle pour effet de hâter l’évolution de la tuberculose qui le minait sourdement ; on peut en tout cas le supposer sans aucune invraisemblance. Mais son efficacité immédiate fut médiocre : elle ne put mener Novalis directement à la mort ainsi qu’il l’avait décidé. Et qui pourrait s’en étonner ! Que sa douleur ait été spontanée et profonde rien de plus certain. Mais était-elle de nature à l’atteindre mortellement ? Dès que l’on envisage le cas de Novalis sans exaltation romantique on ne peut se dissimuler que la perte de Sophie n’était pas — ne pouvait pas être pour lui — un de ces malheurs accablants qui brisent à tout jamais une vie humaine. Dans sa tristesse, si sincère