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LE RETOUR À LA VIE

d’une nouvelle entreprise matrimoniale autour du lit où agonisait son fiancé et s’engagea dans un manège de coquetterie avec le frère de Novalis, Charles de Hardenberg. En vérité, le noble idéaliste qu’était Novalis eût mérité une fiancée moins prosaïquement terrestre pour adoucir d’un rayon de tendresse ses derniers instants. Et la mort lui fut miséricordieuse, peut être, en lui épargnant une désillusion — inévitable sans doute — et qui lui eût été amère.

À la fin de 1798, cependant, vers le temps où se nouent les fiançailles de Novalis et de Julie, la pensée romantique s’oriente vers une direction nouvelle.

À ce moment les préoccupations religieuses tendent à prendre le premier rang dans les spéculations des choryphées de la nouvelle école. Incité par sa liaison avec Schleiermacher à considérer avec plus d’attention le phénomène religieux, Frédéric Schlegel est hanté par l’idée de s’ériger en prophète et de constituer de propos délibéré, par un acte de volonté consciente, une « religion » romantique. Cette religion doit être, dans son idée, le couronnement de tout son système philosophique, « l’âme immanente de la culture, le quatrième élément invisible à côté de la philosophie, de la morale et de la poésie », le principe universel et omniprésent par qui la logique devient philosophie, par qui la poésie imparfaite