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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

Quels sont donc, d’abord, les traits généraux que présentent ces penseurs.

Lorsqu’on essaie de dégager l’idée maîtresse des systèmes mystiques du moyen âge, — l’idée centrale du système d’Eckart par exemple — on arrive aisément à l’interpréter comme une sorte de monisme panthéistique où les éléments spécifiquement chrétiens feraient à peu près complètement défaut. Je résumerais volontiers la doctrine des mystiques allemands dans les deux formules suivantes : « Contemplez la Divinité et vous y trouverez le Verbe et les idées de toute chose, et la création entière et l’âme humaine. — Descendez en vous-même et dans le tréfonds de votre âme vous trouverez toutes les âmes humaines et le Verbe et Divinité elle-même ».

« Contemplez la Divinité, disent les mystiques, et vous y trouverez le monde ». Absorbez-vous dans l’idée la plus haute que l’esprit humain puisse concevoir, l’idée de l’Être absolu dans son essence, dans son unité inintelligible et inconsciente, l’idée de la Substance unique et immuable qui n’est point ceci et cela, où il n’y a pas de distinction d’être et de personne, de matière et de forme, de sujet et d’objet, où rien n’agit, où rien n’apparaît. De ce Tout qui est pareil à un Néant, à une muette solitude ensevelie dans un sommeil sans rêve, sans pensée, sans amour, — de ce Tout immuable, inef-