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Page:Lindau - Un voyage autour du Japon.djvu/21

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partie du jour suivant. Perdant patience, je résolus alors d’aviser au moyen de gagner au plus vite la terre ferme. Le navire était entouré de bateaux de pêche ; plusieurs même s’étaient rapprochés pour nous vendre du poisson. Grâce à quelques mots japonais que j’avais appris pendant mon premier séjour à Nagasacki, je fus bien vite d’accord avec le patron d’une de ces barques. Il offrit de me conduire à Nagasacki en quatre heures, pour la modique somme d’un itzibou (2 fr. 50 cent.). J’acceptai volontiers ces conditions, et muni de quelques cigares, d’un livre et de mon revolver, je quittai le Tilton, le navire qui m’avait conduit jusque-là, en donnant rendez-vous au capitaine à Nagasacki, où je comptais arriver avant le coucher du soleil et où je devais annoncer son arrivée pour le lendemain.

Le bateau sur lequel je venais de m’embarquer était monté par six pêcheurs. C’étaient des hommes de taille moyenne, à la peau rougeâtre, aux membres souples, musculeux, bien proportionnés. À l’exception de l’étroite écharpe qui ceignait leurs reins, ils étaient complètement nus. Je pris possession de l’arrière du bateau, où l’on avait dressé une tente ; je m’allongeai assez commodément sur une natte très-propre et nous partîmes. Les matelots japonais, sans être en général aussi robustes que les matelots européens, supportent la fatigue pendant