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Regne Animal.

tout, au moyen du mouvement continu du cœur, les liqueurs & les ſucs, auxquels & deſquels doit être tour à tour ajouté & ôté.

La faculté Alimentaire des inteſtins, digeſtive, quatrieme en ordre, prépare dans le tuyau inteſtinal les ſucs propres aux vaiſſeaux lactés & qui doivent être portés à l’écorce vitale & au-delà.

La faculté Générative, ſpermatique, combinatoire, inferieure ou derniere en ordre, réunit, à l’extrêmité du tronc animal & naturel, la ſubſtance médullaire avec la corticale, afin que le petit animal en reſulte dans ſa forme parfaite.

Les Organes des ſens ſont des machines phyſiques, inſérées à l’extrémité d’un nerf, voiſin au ſenſorium du cerveau, par-leſquelles l’animal apperçoit au moyen d’un méchaniſme divin les choſes éloignées.

L’Œil : chambre obſcure, peignant l’image des objets avec leur proportion, leur figure, leur couleur.

L’Oreille : tambour tendu ſur l’eſcargot par une corde membraneuſe, trémouſſant au mouvement de l’air ſubtil.

Le Nez : membrane très-large, humide, tortillée-pliſſée, fixant les parties volatiles de l’air qui s’y inſinue.

La Langue : des petites éponges abſorbantes, éparſes, attirant ce qui eſt diſſous.

Le Toucher : des papilles molles, ſe rendant propres au premier inſtant la figure des corps qui les preſſent.

La plûpart des animaux ſont pourvus de ces organes, mais ils ne ſont pas départis tous enſemble à tous. S’il avoit plû au Créateur de leur en augmenter le nombre, ils auroient encore eu plus de perceptions ; de même que l’aimant reſſent la préſence du fer, & l’ambre les phénomènes électriques. Il a donné des antennes aux inſectes ſeuls, dont l’uſage nous eſt auſſi inconnu qu’à eux celui de nos oreilles. L’œil découvre les objets environnans par l’impulſion de la lumière, l’Oreille les entend par l’impulſion de l’air, le Toucher apperçoit les objets prochains