Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/46

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pour ceux qui l’ont rendu ; il doit rester et il restera comme un témoignage du respect des personnes et des propriétés, tel que l’entendent et le pratiquent les régénérateurs de 1876.

Voyez, Messieurs, où vous a conduits trop de précipitation patriotique : tout droit à la violation de la loi de votre origine, c’est-à-dire du Décret du 23 avril, du comité révolutionnaire ; ce Décret vous a tracé et limité vos attributions : il serait impossible d’y trouver le droit de rendre des jugements arbitraires sous forme de décrets ou autrement.

Je vous l’ai dit, Messieurs, c’est un malheur, en politique surtout, de commettre soi-même les fautes que Ton a reprochées à ses adversaires ou à ses ennemis. Vous avez accusé Septimus Rameau d’avoir le premier violé la Constitution que lui-même avait faite ; et vous, qui êtes chargés de redresser les torts du gouvernement précédent, vous ne vous êtes pas montrés plus scrupuleux observateurs des principes au nom desquels vous avez pris les armes ! Le titre de révolutionnaire n’a jamais eu la vertu de rendre licites les actes que la conscience et la morale universelle ont toujours condamnés. Vous avez, il est vrai, déclaré que je suis mis en accusation, etc. ; mais c’était plutôt pour paraître respecter les formes protectrices de la liberté individuelle, car je trouve dans cette précaution même le vice de votre Décret, En effet, comment formuler légalement une mise en accusation, en l’absence d’une instruction faite avec les solennités prescrites par les lois du pays. Je suis accusé publiquement, par acte officiel, d’avoir détourné des deniers publics, vous n’en savez absolument rien ; vous n’avez pas entendu, vous n’avez pas réuni,