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Page:Lintilhac - Lesage, 1893.djvu/199

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LESAGE.

qu’elle y est, dans les Confessions de Jean-Jacques. On peut l’accuser encore, si l’on veut, d’avoir, par ses malins chapitres sur les comédiennes de Madrid, suggéré les méchancetés de la Chronique arétine.

Enfin ce ne serait pas déshonorer le Gil Blas que de s’en souvenir avec le prince de Ligne, en parcourant les Mémoires de Casanova, ou encore les polissonneries de Faublas, où il y a en outre plus d’une réminiscence évidente du Bachelier de Salamanque et d’Estévanille. Ne suffirait-il pas d’ailleurs de ce nom de Faublas pour nous avertir que Louvet était hanté par le souvenir du héros de Lesage, comme le sera Victor Hugo quand il accolera le nom pompeux de Ruy à celui de Blas, ce diminutif picaresque de Blaise, pour désigner son valet-ministre, et condenser ainsi dans une sorte de calembour l’idée fondamentale de son drame ?

Mais mettons le pied sur un terrain plus solide. Voici, au bout du siècle, le grand homme de la postérité de Gil Blas, celui qui en a toute la philosophie, qui répétera avec lui sur tous les tons : « Vive l’esprit ! Quand on en a, on fait bien tous les personnages qu’on veut. » Ajoutez à cela la métromanie et la finesse de Fabrice, sans oublier la guitare, les rasoirs et l’humeur chantante du barbier Diego, et vous verrez qu’outre son accoutrement, Figaro trouvait dans le Gil Blas les modèles de son esprit et de sa gaieté. Ne sont-ce pas ses plus belles qualités, et ne lui doit-il pas par là autant et plus qu’à l’ambi-