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Page:Lintilhac - Lesage, 1893.djvu/202

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SA POSTÉRITÉ LITTÉRAIRE.

lisme dans la vieille source du Quévédisme, comme le prouve curieusement sa traduction libre du Gran Tacano. Mais nous pouvons heureusement nous dispenser d’interroger davantage le Rousseau du ruisseau, pour nous en rapporter, sur cette question d’influence, à l’épique historien des Rougon-Macquart, au théoricien du « roman expérimental ». Il déclare nettement, quand on l’interroge là-dessus, avoir conçu et exécuté en partie son épopée naturaliste, alors qu’il n’avait encore rien lu de Restif, mais il ne fait aucune difficulté de saluer dans le Gil Blas un des livres qui ont le plus influé, dès la première heure, sur l’orientation de son robuste talent. Un hommage si décisif, dans l’espèce, nous dispense de tout autre argument.

II

La postérité de Turcaret n’est ni moins nombreuse ni moins illustre que celle de Gil Blas, et sa filiation est beaucoup plus facile à établir. Avec la même hâte et la même suffisance qu’il avait mises à porter le Diable boiteux à la scène, mais avec plus de bonheur, Dancourt, dès 1710, visa à compléter Turcaret, en développant, dans ses Agioteurs, ces « mystères des affaires » que Lesage avait volontairement abrégés. Arlequin Traitant fut ensuite un hommage remarquable de d’Orneval à son maître et ami. Et puis,