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AUTOUR D’UNE AUBERGE

Un jour, il se décida enfin à aller voir son Curé, qui l’accueillit avec bienveillance. On parla longuement des affaires de la paroisse. La conversation tomba bientôt sur les circonstances tragiques de la mort de Boisdru.

M. le Curé, dit l’Ami, en baissant la tête, j’ai une confession à vous faire. Je me reproche d’avoir été la cause indirecte de la mort de cet homme. Si j’avais suivi vos conseils, ceux que me dictait ma conscience, qui sait, si cette mort serait arrivée ? Je suis coupable, je vous ai fait de la peine, et je m’en repens. Mais, M. le Curé, j’étais presque obligé d’agir ainsi. J’étais pris ; je devais à Sellier, depuis deux ans, une somme de $400.00 et les intérêts. Je ne sais pour quelle raison cet homme tient tant à l’auberge, mais lorsqu’il apprit la décision que j’ai donnée au Conseil, il envoya Rougeaud chez moi. Ce dernier essaya vainement de me faire changer d’idée ; il parla longuement, mais ne put me convaincre. Se rendant compte que ses arguments ne produisaient aucune impression sur moi, il eut recours à un autre moyen. Bien peu, M. le Curé, dans les circonstances où je me trouvais, auraient agi autrement ; il menaça de me poursuivre si je n’acquittais, en trois jours, la somme due à Sellier, ajoutant que si je signais un billet par lequel je m’engagerais à ne pas m’opposer à Bonvin, il me ferait du bon.

« Je sais bien, M. le Curé, que la conscience et les