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Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/156

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AUTOUR D’UNE AUBERGE

que d’ordinaire, on n’engage pas une institutrice sans me consulter.

— Croyez-vous, reprit Rougeaud, que nous allons subir cet esclavage plus longtemps. Comme le dit si bien, M. Sellier : l’engagement des maîtresses regarde les commissaires, pas les cures !

M. Sellier est libre de dire ce qu’il veut, lui ; c’est un étranger qui souffle ici le vent de la discorde. Il voudrait convaincre nos gens, par ses discours, que le prêtre n’a de place nulle part ; s’il est une question qui intéresse le clergé, c’est celle de l’enseignement, d’ailleurs ses menées pour conserver l’auberge parmi nous, les moyens vils dont il se sert, me disent assez que cet homme n’a plus aucun sentiment religieux. C’est, encore une fois, la vengeance qui le pousse à critiquer l’enseignement qu’on donne à notre école. M. Rougeaud, vous faites une œuvre malsaine ; le bon Dieu ne vous bénira pas.

— Comme cela, vous prétendez ?

— Je prétends que Sellier est un impie, et que vous êtes son bras droit. Je suis content d’avoir l’occasion une bonne fois de vous dire ce que j’ai sur le cœur ; je ne vous reconnais plus ; la lutte indigne que vous soutenez contre moi ne vous portera pas bonheur. En ami de votre âme, soyez en garde contre cet homme : il vous perdra. Quant à Melle Bonneterre, je vous le répète, elle restera à son poste.