Aller au contenu

Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
AUTOUR D’UNE AUBERGE

tête avec une bouteille vide, si violemment, qu’il faillit en mourir. Les autorités municipales regardaient ces scandales sans rien faire pour y remédier. Toutefois, les vrais chrétiens de la paroisse secondaient les efforts de leur pasteur. Parmi ces derniers se trouvaient Étienne de Verneuil et Clovis Bonneterre.

De Verneuil, un des membres du Conseil municipal, était arrivé dans la paroisse peu de temps avant l’établissement des moulins de Sellier. Il descendait d’une noble famille française qui avait connu des jours de splendeur. L’histoire de sa famille disait qu’un de Verneuil avait fait la guerre sous Saint-Louis, et qu’à cette occasion il avait reçu le titre de baron. Plusieurs faits d’armes avaient été conservés précieusement par la tradition. L’aïeul de M. de Verneuil ne voulut point fuir pendant la révolution de 1793 : il monta sur l’échafaud, payant de sa vie l’attachement qu’il portait à la cause royale. Un de ses fils, Jean-Pierre de Verneuil, au moment de cette terrible calamité, qui fit périr par milliers les plus nobles enfants de la vieille France, recevait l’onction sacerdotale des mains de l’Archevêque de Toulouse. Comme tous les religieux, les prêtres séculiers étaient recherchés, car la révolution en voulait surtout à la religion catholique et à la royauté, Mme de Verneuil, en présence du danger, avait supplié son fils de partir pour l’Espagne.

Il partit, mais à regret. Il lui faisait peine de lais-