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AUTOUR D’UNE AUBERGE

ser mourir ses frères sans les secours de son ministère. Aussi, le vit-on revenir quelques mois plus tard. C’est dans les ruines du château de ses ancêtres qu’il célébrait les Saints Mystères. Là, il baptisait les nouveaux nés, confessait les fidèles, les exhortait à mourir plutôt que de trahir la foi. Si l’histoire de France contient des pages horribles à dire, elle offre à côté de ces tableaux révoltants des pages sublimes. Que de martyrs, que de héros ne présente-t-elle pas à l’imitation de nos familles ! Cette retraite ne pouvait rester longtemps ignorée. Aussi, un matin, pendant que le prêtre célébrait la messe au milieu de ses brebis qui craignaient avec tant de raison de tomber entre les mains des révolutionnaires, les sicaires firent irruption dans ce lieu de prières. On donna à peine le temps au jeune prêtre d’enlever les vêtements sacrés. On le fit prisonnier malgré les larmes de sa mère, de ses frères, de ses sœurs, et les cris des fidèles atterrés par la brusque apparition des agents de la République.

Séance tenante, on dressa un tribunal où l’un de ces tigres à face humaine fit la fonction de juge. — « Quel est votre nom, lui dit-il » ? — « Jean-Pierre de Verneuil, prêtre de l’Église de Jésus-Christ, fut la réponse. » La cause entendue, deux heures plus tard, Jean-Pierre de Verneuil était placé au nombre des martyrs de la Révolution.

Le jugement se lisait : « Jean-Pierre de Verneuil, ci-