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AUTOUR D’UNE AUBERGE

a dû ressentir les angoisses que j’éprouve, pour les avoir exprimées d’une manière si réelle et si expressive.

Il fait bien noir. J’entends siffler la brise :
Le vent d’automne effeuille mon noyer.
Mon chien sommeille, et ma braise agonise :
Il fait bien noir, ce soir, à mon foyer !
Ces blancs flocons, qui tombent en silence ?
C’est de la neige, — ou plutôt de l’ennui !
Chantons, mon âme, une hymne à l’espérance :
Car il fait noir, — oh ! bien noir, aujourd’hui !

Enfants ! l’été, sous les riants bocages,
Faites captifs d’éclatants papillons,
L’automne, enfants, peuplez d’oiseaux vos cages :
Les blancs frimas vont charger leurs buissons,
Mais prenez garde à votre insouciance,
Et dans vos cœurs pleins de fleurs et de miel
Enfants tâchez d’encager l’espérance :
Car l’espérance est un oiseau du ciel.

L’homme ici-bas peut marcher sans richesse :
Le mendiant chante au bord du chemin.
Le cœur encor peut jeûner de tendresse,
Et le lévite a le front bien serein !
Mais sous nos cieux voilés par la souffrance,