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THUCYDIDE, LIV. I.

cice du commandement. Dans la composition de l’armée, ils ne fournissaient plus leur contingent : il leur était si facile de subjuguer ceux qui se révoltaient ! On pouvait en accuser les alliés eux-mêmes : paresseux à faire la guerre et à s’éloigner de leurs foyers, la plupart, au lieu de fournir des vaisseaux, s’étaient laissé taxer à des sommes proportionnées à l’évaluation de leur contingent. Les sommes qu’ils donnaient contribuaient à l’accroissement de la marine athénienne : leur arrivait-il de tenter une défection, ils se trouvaient sans préparatifs et sans ressources pour la soutenir.

Chap. 100. À la suite de ces événemens se livrèrent, près du fleuve Eurymédon, dans la Pamphylie, un combat de terre et un combat naval entre les Athéniens et leurs alliés et les Mèdes. Les Athéniens vainquirent dans ces deux combats, livrés le même jour, sous le commandement de Cimon, et prirent ou détruisirent la flotte des Phéniciens, forte de deux cents trirèmes.

Quelque temps après, les Thasiens se détachèrent de leur alliance, au sujet des mines et des comptoirs qu’ils avaient dans la partie de la Thrace qui regarde leur île. Les Athéniens se portèrent devant Thasos, les vainquirent, et firent une descente dans l’île.

Vers le même temps, ils envoyèrent sur les bords du Strymon dix mille hommes, tant des leurs que des alliés, fonder une colonie dans le canton qu’on appelait alors les Neuf-Voies et qui se nomme maintenant Amphipolis. Ils s’en emparèrent sur les Édoniens, qui en étaient maîtres ; mais, s’étant enfoncés dans l’intérieur de la Thrace, ils furent défaits à Drabesque, dans l’Édonie, par les Thraces, qui se réunirent tous contre eux, voyant dans l’établissement des Neuf-Voies un fort qui les menaçait.

Chap. 101. Les habitans de Thasos, vaincus dans plusieurs combats, et assiégés, implorèrent les Lacédémoniens, et les engagèrent à se jeter sur l’Attique, pour faire diversion. Les Lacédémoniens le promirent à l’insu des Athéniens ; mais un tremblement de terre les empêcha de tenir parole. Les Hilotes, ainsi que des Thuriates et des Éthéens, périèces (sujets) de Sparte, profitèrent de l’occasion pour secouer le joug et se réfugier à Ithôme. La plupart des Hilotes descendaient de ces anciens Messéniens qui, dans le temps, avaient été réduits en servitude, ce qui leur fit donner à tous le nom de Messéniens. Les Lacédémoniens eurent donc une guerre à soutenir contre les révoltés d’Ithôme.

Quant aux Thasiens, après trois ans de siége, ils se rendirent aux Athéniens ; en vertu des articles de la capitulation, ils abandonnèrent leurs mines et le commerce du continent, rasèrent leurs murs, livrèrent leurs vaisseaux, et payèrent, en outre, une somme d’argent à laquelle ils se laissèrent taxer.

Chap. 102. Les Lacédémoniens, voyant se prolonger leur entreprise contre les réfugiés à Ithôme, implorèrent le secours de leurs divers alliés, et des Athéniens entre autres. Ceux-ci vinrent en grand nombre, commandés par Cimon. On les avait appelés sur l’opinion qu’on avait de leur habileté à battre les murailles : mais comme le siége traînait en longueur, leur manière de procéder parut mal justifier la réputation qu’ils s’étaient acquise. Et en effet, s’ils eussent, dans leurs opérations de siége, déployé ce qu’ils avaient de talent, ils auraient emporté la place dès les premières attaques. Ce fut dans cette campagne que se manifesta, pour la première fois, la mauvaise intelligence entre Athènes et Sparte : car les Lacédémoniens, voyant