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THUCYDIDE, LIV. IV.

nes : les Athéniens firent traduire les lettres dont il était porteur, et qui étaient écrites en caractères assyriens. Ils y lurent en substance, entre beaucoup d’autres choses, que le roi ignorait ce que voulaient de lui les Lacédémoniens ; qu’il avait reçu de leur part bien des ambassadeurs, et qu’aucun ne tenait le même langage ; que s’ils voulaient s’expliquer nettement, ils eussent à lui envoyer des députés avec Artapherne. Les Athéniens renvoyèrent celui-ci à Éphèse, sur une trirème, et avec lui des ambassadeurs. Mais, vers ce temps, Artaxerxès, fils de Xerxès, mourut ; les envoyés apprenant à Éphèse la nouvelle de sa mort, revinrent à Athènes.

Chap. 51. Le même hiver, les habitans de Chio démolirent de récentes fortifications, sur l’ordre des Athéniens, qui les soupçonnaient de projeter une défection, quoiqu’ils eussent juré fidélité et donné toutes les assurances possibles.

L’hiver finissait, ainsi que la septième année de la guerre que Thucydide a écrite.

Chap. 52. À l’entrée de l’été suivant, il y eut, vers la néoménie, une éclipse de soleil, et au commencement du même mois, un tremblement de terre. Les exilés de Mitylène et du reste de Lesbos, la plupart venus du continent, prirent à leur solde et rassemblèrent des troupes auxiliaires du Péloponnèse, et s’emparèrent d’abord de Rhétium, que les habitans rachetèrent, ainsi que le pillage, moyennant une somme de deux mille statères de Phocée. Ils dirigèrent ensuite leur marche contre Antandros, qui leur fut livrée par trahison. Ils voulaient délivrer toutes les autres villes qu’on nomme Actées, dont les Athéniens s’étaient emparés sur les Mityléniens, mais surtout entrer en possession d’Antandros. Ce lieu étant propre à l’établissement d’un chantier de vaisseaux, parce qu’il fournit du bois et qu’il est voisin du mont Ida : ils comptaient, après l’avoir fortifié, partir ensuite de ce point avec l’appareil nécessaire pour infester Lesbos, qui en est à peu de distance, et s’emparer sur le continent des villes éoliennes. Telles étaient les entreprises qu’ils méditaient.

Chap. 53. Le même été, les Athéniens, avec soixante vaisseaux, deux mille hoplites, un peu de cavalerie, et des alliés rassemblés de Milet et de divers autres endroits, se dirigèrent sur Cythères, sous la conduite de Nicias, fils de Nicératus, de Nicostrate, fils de Diitréphès, et d’Autoclès, fils de Tolmæus. Cythères, île adjacente à la Laconie, est habitée par des Lacédémoniens pris entre les périèces. Sparte y envoyait un Cythérodice et une garnison d’hoplites lacédémoniens qui se renouvelait tous les ans, et elle tenait les yeux sans cesse ouverts sur cette île.

En effet, Cythères était pour les Lacédémoniens un port où il leur arrivait d’Égypte et de Lybie des vaisseaux marchands : et d’ailleurs ils étaient moins exposés aux insultes des pirates ; car c’était par les côtes seulement qu’on pouvait attaquer la Laconie, qui s’avance de ses deux flancs vers les mers de Sicile et de Crète.

Chap. 54. Les Athéniens y prirent terre, et, avec six vaisseaux et deux mille hoplites de Milet, emportèrent une ville nommée Scandie, située sur le bord de la mer. Le reste de l’armée descendit dans la partie de l’île qui regarde Malée, marcha contre la ville maritime des Cythéréens, et trouva tous les habitans en armes. On combattit ; les Cythéréens ne tinrent pas tong-temps, et bientôt, mis en fuite, ils se réfugièrent dans la ville haute. Là, ils capitulèrent avec Nicias et ses collègues, se remettant à