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niens n’eurent À regretter que vingt-cinq vaisseaux. Cependant Ethéonice, qui assiégeait l’Athénien Conon dans Mitylène, sauva son armée, et ce qui restait auprès de lui de la flotte lacédémonienne.

Dix stratéges, en comptant Conon, commandaient les forces navales d’Athènes, lorsque la bataille des Arginuses fut gagnée. Ils furent tous cassés, à l’exception de Conon, et trois d’entre eux se bannirent eux-mêmes : on cita les six autres devant le peuple, pour n’avoir pas secouru ceux des leurs dont les vaisseaux avaient péri dans le combat.

Ils avaient pourtant détaché dans ce dessein, quarante-six vaisseaux, sous la conduite de Théramène et de Thrasybule ; mais une tempête empêcha ceux-ci d’exécuter leur entreprise, et le peuple voulait immoler des victimes aux citoyens qui avaient été privés de sépulture. Théramène, pour se sauver, accusa les généraux. Le sénat, consulté sur la forme du jugement, se laissa influencer par l’animosité de la multitude, et les six stratèges furent jugés par un seul suffrage du peuple assemblé. Les uns pouvaient être innocens, les autres coupables ; on les condamna tous à mort.

Un homme cependant rétablissait la marine de Sparte, et en moins d’une année parvenait à relever le courage de ses concitoyens. C’était Lysandre, replacé à la tête des troupes depuis la mort de Callicratidas. Ayant tourné ses armes vers l’Hellespont, il avait assiégé et pris Lampsaque, lorsque la flotte des Athéniens fit voile pour aller à sa rencontre.

Elle vint mouiller à Égos-Potamos, en face de Lampsaque, dans le dessein de combattre dès le lendemain même. Lysandre ayant rangé sa flotte en bataille, attendit les Athéniens, et affecta une sorte d’inaction sur laquelle ils prirent le change ; car dès que la nuit fut venue, ils débarquèrent sur la côte, et se répandirent çà et là sans crainte, comme s’ils eussent été loin de l’ennemi. Le lendemain, remontant à bord, ils présentèrent de nouveau, mais inutilement, le combat à Lysandre. Cette manœuvre se répéta pendant quatre jours de suite, malgré les avis salutaires qu’Alcibiade faisait passer aux Athéniens. Ils étaient sur une côte désavantageuse, où ils n’avaient aucune retraite, et la plus grande indiscipline régnait parmi les soldats et les matelots. Alcibiade offrait d’attaquer les ennemis par terre avec des troupes de Thrace ; mais ses conseils furent méprisés.

Enfin, le cinquième jour, Lysandre saisit l’instant où les Athéniens étaient descendus à terre, et fit avancer sa flotte. Conon, qui commandait celle des Athéniens, se voyant hors d’état de résister, s’échappa, avec neuf galères, et prit la route de Cypre.

Lysandre, maître du champ de bataille, cerne les Athéniens, les taille en pièces, et massacre tous ceux qui accourent pour monter sur les vaisseaux. Ensuite il descend à terre et achève d’exterminer les fuyards. Il fit trois mille prisonniers, parmi lesquels se trouvaient trois généraux. Cette terrible défaite amena la prise d’Athènes où Lysandre entra en conquérant, et termina la guerre du Péloponnèse qui durait depuis vingt-huit années.

Par le traité que dicta le vainqueur, il fut stipulé que les fortifications du Pyrée seraient démolies ; qu’Athènes ne conserverait que douze galères ; qu’elle retirerait les garnisons des villes dont elle s’était emparée ; qu’elle rappellerait les bannis, et qu’elle ne pourrait armer enfin qu’avec le consentement de Lacédémone.

Les alliés de Sparte voulaient qu’Athènes fût détruite. Thèbes surtout et