Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/803

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
802
ARRIEN, LIV. II.

marcher sur-le-champ contre l’ennemi.

Chap. 5. Alexandre ordonne aux siens de prendre de la nourriture, et détache quelques chevaux avec des hommes de trait pour reconnaître les défilés par où il avait passé. Il part dans l’ombre avec toute son armée pour les occuper de nouveau. Il y campe vers le milieu de la nuit, et fait reposer son armée après avoir placé avec soin des sentinelles sur tous les points. Dès l’aurore il se remet en marche, faisant filer ses troupes dans les passages étroits ; mais à mesure que le chemin s’élargit, il développe ses corps en phalange, qu’il appuie à droite sur les hauteurs, à gauche sur le rivage, l’infanterie en avant, la cavalerie ensuite : arrivé en plaine, il range son armée en bataille.

À l’aile droite, il place l’Agéma et les Hypaspistes, sous le commandement de Nicanor ; près d’eux les corps de Cœnus et de Perdiccas, qui s’étendaient jusqu’au centre, où devait commencer le combat. Il compose la gauche des troupes d’Amyntas, de Ptolémée et de Méléagre : l’infanterie est sous les ordres de Cratèrus ; toute l’aile est sous ceux de Parménion, qui ne doit point s’éloigner du rivage crainte d’être cerné par les Barbares ; car il était facile aux Perses d’envelopper les Macédoniens avec leurs troupes nombreuses.

Darius, instruit qu’Alexandre s’avance en ordre de bataille, fait traverser le Pinare à trente mille chevaux et à vingt mille hommes de trait, pour avoir la facilité de ranger le reste de son armée. Il oppose d’abord à la phalange macédonienne, trente mille des Grecs à sa solde, pesamment armés, et soutenus de soixante mille Cardaques armés de même, le terrain ne permettant point d’en mettre en ligne davantage ; vers les hauteurs, à sa gauche, il place vingt mille hommes, dont partie en face, partie derrière l’aile droite d’Alexandre : disposition forcée par la chaîne des montagnes qui, formant d’abord une espèce de golfe, tournaient ensuite l’aile droite des Macédoniens. Le reste de ses troupes, de toutes armes et de tout pays, forment derrière les Grecs soldés une profondeur de rangs aussi nombreux qu’inutiles ; car Darius comptait six cent mille combattans.

Arrivé dans la plaine, Alexandre développe, près de lui à l’aile droite, la cavalerie des Hétaires, des Thessaliens et des Macédoniens, et fait filer à la gauche, vers Parménion, les Péloponnésiens et les autres alliés.

L’armée des Perses rangée en bataille, Darius rappelle la cavalerie qui avait passé le Pinare pour couvrir ses dispositions. Il en détache la majeure partie contre Parménion, du côté de la mer, où les chevaux pouvaient combattre avec avantage, et fait passer le reste à sa gauche vers les hauteurs : mais jugeant que la difficulté des lieux lui rendrait ces derniers inutiles, il en rejette encore une grande partie sur la droite : il se place lui-même au centre de l’armée, suivant l’ancienne coutume des rois de Perse, dont Xénophon rapporte les motifs.

Alexandre, voyant presque toute la cavalerie des Perses, portée du côté de la mer, sur Parménion, qui n’était soutenu que des Péloponnésiens et des alliés, détache aussitôt vers l’aile gauche les chevaux Thessaliens, et les fait filer sur les derrières pour n’être point aperçus de l’ennemi. En avant de la cavalerie de l’aile droite, Protomaque et Ariston conduisent, l’un les voltigeurs, l’autre les Péoniens ; Antiochus, à la tête des archers, couvre l’infanterie ; les Agriens, sous la conduite d’Attalus, quelques chevaux et quelques archers disposés à l’arrière-garde, font face à la monta-