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ARRIEN, LIV. III.

Bactriane. Ce pays en est séparé par de hautes montagnes couvertes de bois, et s’étend à l’opposite jusqu’aux bords de la mer Caspienne. Avide de subjuguer les Pagres, plus encore de poursuivre les Grecs stipendiaires de Darius qu’on lui dit être réfugiés dans leurs montagnes, Alexandre divise son armée en trois corps, prend avec lui le plus nombreux et le plus légèrement armé, et marche par les routes les plus courtes et les plus difficiles ; il envoie Cratérus contre les Tapuriens avec sa troupe, celle d’Amyntas, quelques chevaux et quelques archers ; Érigyus doit conduire les étrangers, le reste de la cavalerie et de toute l’armée, les chariots et les bagages, par le chemin plat qui était le plus long.

Alexandre franchit les premières hauteurs, il y campe. Prenant ensuite les Hypaspistes, l’élite de la phalange macédonienne, et quelques archers, il aborde le passage le plus difficile, laissant derrière lui des gardes partout où il craignait que sa suite ne fût inquiétée par les Barbares des montagnes. Il passe les défilés avec ses archers, et campe dans la plaine aux bords d’une petite rivière.

Là, Nabarzanes Chiliarque, Phradapherne, satrape des Parthes et de l’Hyrcanie, et quelques Perses, les premiers de la cour de Darius, viennent trouver Alexandre et se soumettre. Il demeura campé quatre jours dans cet endroit où tous ceux de sa suite le rejoignirent sans avoir été inquiétés, sinon les Agriens de l’arrière-garde ; mais ils repoussèrent facilement à coups de traits les Barbares qui étaient venus fondre sur eux.

Alexandre pénètre dans l’Hyrcanie et marche vers Zadracarte. Cratérus y arrive presque en même temps, sans avoir joint les Grecs à la solde de Darius ; mais il a soumis par force ou par composition tout le pays qu’il a parcouru. Érygius se réunit à eux avec tout le bagage. Bientôt Artabaze, avec ses trois fils, Cophène, Aribarzanes et Arsame se rendent près d’Alexandre, suivis d’une députation des Grecs de leur parti, et d’Autophradates, satrape des Tapuriens. Alexandre conserve ce dernier dans sa place, accueille avec honneur Artabaze et ses enfans, par égard pour leur dignité et leur fidélité envers Darius. Il répondit aux députés Grecs demandant être reçus dans son parti, qu’il ne traiterait point avec eux ; qu’ils avaient violé indignement la loi de leur patrie qui défendait aux Grecs de prendre parti contre les Grecs pour des Barbares ; qu’ils n’avaient qu’à se rendre à discrétion, ou songer à leur salut. Ils se soumirent à discrétion, en demandant qu’il envoyât vers eux un de ses chefs, auquel ils se rendraient. Ils étaient environ au nombre de quinze cents. Alexandre leur envoie Andronique et Artabase.

Il court vers les Mardes ayant avec lui les Hypaspistes, les hommes de trait, les Agriens, les corps de Cœnus et d’Amyntas, les archers à cheval et la moitié de la cavalerie des Hétaires.

Il fit un grand nombre de prisonniers dans ses courses, et tua la plus grande partie de ceux qui en appelèrent aux armes.

Nul guerrier, avant Alexandre, n’avait pénétré chez les Mardes que semblaient défendre la difficulté des lieux, et la pauvreté qui ajoutait encore à leur courage. Le conquérant avait déjà traversé leur pays qu’ils ne soupçonnaient pas encore sa marche ; ils furent défaits aussitôt que surpris. Plusieurs se retirèrent dans les montagnes d’un accès difficile et escarpé : mais Alexandre les ayant atteints dans cet asile qu’ils