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premières idées, n’osait engager le combat, malgré le désir qu’il en avait. Il se résout toutefois de tâter l’entreprise, et envoie quelques troupes pour insulter les travailleurs. Aussitôt le reste de son armée s’ébranle sans attendre l’ordre des généraux, et fond sur les Romains qui prennent la fuite.

Sylla se présente à eux, les conjure de tenir ferme, les assurant que les barbares se disperseront bientôt. Mais il parlait en vain, la terreur l’emportait sur les prières et les menaces. Sylla, désespéré, se précipite de son cheval, saisit une enseigne, court la jeter au milieu des ennemis, et crie à ses troupes : « Romains, si l’on vous demande où vous avez abandonné votre général, n’oubliez pas de répondre que c’est au moment où il combattait à Orchomènes. »

Cette action vigoureuse devait réussir avec des Romains, comme elle n’a jamais manqué son effet sur nos troupes nationales ; aussi changea-t-elle tout-à-coup le cœur du soldat. Deux cohortes, accourues de la droite, pénètrent jusqu’au consul déjà aux prises avec les ennemis ; les fuyards se rallient et retournent à la charge.

Sylla remonte à cheval, court les rangs, engage les soldats à se montrer dignes du nom romain. Bientôt les troupes de Pont plient à leur tour, et gagnent leur camp en désordre. Sylla, content de cet avantage, fait rentrer les légions, et continue son retranchement de la gauche. Il pousse encore plus le travail de la droite, afin de bloquer absolument l’armée de Pont.

Outre la honte de laisser achever sous ses yeux un pareil ouvrage, Archelaüs en sent tout le danger ; il se détermine enfin à faire ses dispositions, et le combat s’engage. Les Barbares n’employaient guère que des armes de jet. Les Romains, en les joignant corps à corps, les réduisent bientôt à prendre leurs flèches par le bout, pour s’en servir comme d’une épée. Ils furent enfoncés, et obligés de rentrer dans leur camp où ils passèrent la nuit dans le plus grand désordre. Le fils d’Archelaüs périt dans cette seconde action, après avoir fait des prodiges de valeur. Suivant Appien, le nombre des morts dut s’élever à quinze mille.

Sylla, dont les ouvrages venaient d’être interrompus par deux batailles consécutives, craint que les généraux de Pont ne se retirent pendant la nuit ; il établit ses postes autour de leur camp, du côté qu’ils avaient encore libre, et fait continuer le retranchement de la droite, dès la pointe du jour. Déjà ce travail est poussé jusqu’au marais ; Archelaüs crut qu’en faisant comprendre aux siens le péril qui les menaçait, il trouverait peut-être un moyen de les engager encore une fois à combattre.

Le désespoir remplace le courage : on fond sur les Romains, qui soutiennent cette charge, et ramènent l’ennemi jusqu’à son camp. Là, les troupes de Pont résistèrent jusqu’à ce que Basillus, tribun d’une légion, sautant, avec quelques soldats, dans le retranchement dont le camp était couvert, y tint assez pour donner le temps au reste de l’armée de le suivre. L’ennemi fut culbuté dans le marais ; il s’en fit un carnage horrible. (An 668 de Rome ; 86 avant notre ère.) Plutarque dit que, de son temps, on voyait encore des vestiges de cette journée. Archelaüs trouvant une petite barque, regagna l’Eubée avec beaucoup de peine ; on le croyait mort, lorsqu’il y arriva.

Telle fut la bataille d’Orchomènes, où la crainte qu’Archelaüs avait d’être battu, sa résolution en conséquence de