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César ne nomme pas les peuples qui se trouvèrent à cette assemblée, ni le lieu où elle se tint ; il ne précise pas non plus quelle forme elle eut. Nous savons seulement par lui que tous ceux qui se réunirent s’engagèrent au secret ; et cela seul suffit pour faire supposer qu’ils n’étaient pas nombreux.

Les expressions de César sont remarquables : consilium totius Galliæ ; et plus bas, eo concilio dimisso. Tandis qu’en parlant des assemblées qu’il tenait lui-même tous les hivers, il dit toujours ad conventus agendos.

Les traducteurs n’auraient jamais dû confondre ces mots. Consilium n’était nullement les États généraux, et encore moins les Comices. Comment pourrait-on supposer que des hommes confondus pour ainsi dire avec des esclaves, selon la remarque de César, pussent former une telle réunion politique ?

Cette assemblée finie, les principaux de la Gaule revinrent trouver César. Ils se jetèrent à ses pieds en pleurant, et le conjurèrent de ne point révéler ce qu’ils allaient lui apprendre, l’assurant qu’ils périraient s’ils étaient soupçonnés d’avoir recherché son appui. César s’engagea par serment à ne point les compromettre, et voici ce qu’ils lui dirent :

La Gaule Celtique se trouvait divisée en deux factions. L’une se rangeait au tour des Ædues ; l’autre reconnaissait pour chefs les Arvernes. Ces deux peuples, dont le premier habitait entre la Saône et la Loire, et le second entre la Loire et la Province Romaine, s’étaient long-temps disputé l’autorité.

Les Arvernes (Auvergnats) avaient fait alliance avec les Sequanes, qui s’étendaient de la Saône au Rhin ; et ils appelèrent les Germains habitant par delà ce fleuve.

Plus de cent mille arrivèrent dans la Sequanie. Les Ædues et leurs clients furent vaincus dans deux batailles ; la cavalerie, la noblesse, le sénat (car César s’exprime ainsi), donnèrent des otages aux Sequanes, et jurèrent de ne jamais les redemander.

Divitiac, qui portait la parole, assura César qu’il était le seul opposant, et que son refus de livrer ses enfans en otage et de prêter le serment exigé l’avait fait bannir de son pays.

Les Sequanes, ajouta-t-il, ont bientôt été punis de cette conduite. Arioviste, roi des Germains, s’est fixé dans leur pays, en a pris le tiers pour son monde, et prétend encore dépouiller les habitans du second tiers, afin de le donner à vingt-quatre mille Harudes qui doivent arriver incessamment dans la Sequanie. C’est le meilleur climat de toute la Gaule (on le croyait alors). Il est à craindre, dit encore Divitiac, que les Germains n’abandonnent leur pays pour le nôtre, qui vaut infiniment mieux.

Divitiac avait déjà paru dans Rome pour demander du secours contre les Germains ; il harangua le sénat, appuyé sur son bouclier. Cicéron, qui le connut particulièrement, dit que cet homme passait pour le plus savant des Druides.

J’ignore s’il se trompe ; mais en admettant que Divitiac fût Druide, comment César, qui combattit tant de fois à ses côtés et lui confia souvent des troupes, dit-il en propres termes que les Druides n’allaient point à la guerre ?

Arioviste était un barbare ; ses cruautés réduisirent les Sequanes et les Ædues au dernier désespoir. Divitiac assura César que si les Romains ne les délivraient pas ils quitteraient tous leur terre natale, à l’exemple des Helvètes, et s’exposeraient aux plus grands périls pour aller chercher quelque demeure éloignée.

Les députés des Ædues confirmèrent