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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/220

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tournent leurs pas vers les gués de l’Aisne, afin de traverser la rivière et de se rendre maîtres du pont qui se trouvait sur les derrières de César. Le proconsul, instruit de leur mouvement par l’officier qui commandait le poste, franchit le pont aussitôt avec sa cavalerie, les archers et les frondeurs ; et court s’opposer au passage de la rivière. Tout ce qui était sur l’autre bord fut enveloppé et taillé en pièces ; le reste, assailli dans le lit même du fleuve, se vit contraint à la retraite, et regagna le camp, mais avec une perte considérable.

Les Belges avaient formé ces diverses entreprises sans combiner les moyens qui peuvent seuls assurer des succès. Ils montrèrent bientôt qu’ils n’étaient pas en état de tenir long-temps la campagne. Déjà la disette commençait à se faire sentir parmi eux, lorsque la nouvelle d’une diversion commencée sur les frontières des Bellovalkes acheva de les jeter dans le plus profond découragement.

Ils résolurent de séparer leurs forces, de voler chacun à la défense de leurs foyers, et de se prêter un mutuel secours. Mieux vaut, dirent-ils, attendre l’ennemi sur son propre territoire, où du moins les vivres et les hommes ne manqueront pas. — Nos ancêtres, on doit en convenir, avaient d’étranges idées sur l’art de la guerre.

Après cette résolution, les Belges partent pendant la nuit, mais avec tant de bruit et de désordre, que César leur suppose le projet de les attirer dans une embuscade. Il se renferme derrière ses lignes jusqu’au point du jour.

Quand on reconnut qu’ils s’éloignaient réellement, César les fit poursuivre par sa cavalerie, soutenue de trois légions, et il resta dans son camp avec les cinq autres, tenant ces troupes prêtes à secourir les corps détachés. Les Belges de l’arrière-garde firent souvent volte-face et résistèrent d’une manière intrépide ; mais les autres, se sentant hors de danger, rompirent leurs rangs et cherchèrent leur salut dans la fuite. On ne vit plus alors qu’un massacre, et il fut prodigieux.

Le lendemain, avant que l’ennemi revînt de sa terreur et songeât à se rallier, César voulut pénétrer dans l’intérieur du pays. Il se présente devant Noviodunum que l’on a pris pour Soissons, Noyon, ou pour Noyan. Cette ville voulut d’abord résister ; mais à l’approche des machines de guerre, des tours et des terrasses roulantes qui égalaient les murs en hauteur, l’effroi saisit les habitans. Ils livrèrent leurs armes, donnèrent en otage les principales personnes de la ville, même deux fils de leur roi Galba, qui vraisemblablement était en fuite, et dont on ne parle plus.

Les Bellovakes, qui prétendaient avoir envoyé soixante mille hommes contre les Romains, et se vantaient d’en pouvoir lever cent mille, firent moins de résistance que les Suessions. Dès que l’armée romaine approcha de Bratuspantium (Beauvais selon les uns, Breteuil suivant d’autres, ou bien peut-être quelques ruines sans nom, voisines de cette dernière ville), les vieillards sortirent au-devant de César et implorèrent sa clémence. Il se fit livrer les armes et six cents otages ; car tous les habitans du pays s’étaient enfermés dans ces murs. Les Ambiens se rendirent plus promptement encore.

Il se trouvait alors sur la frontière de la nation nervienne, que l’opinion générale désignait comme la plus redoutable de toute la Belgique. Les Nerves occupaient une partie du pays arrosé par la Meuse et la Sambre, et que l’on nomme le Hainault.

Indignés de la soumission des Sues-