Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 244 —

versé, et entra pour la seconde fois dans la Germanie.

Il apprit des Ubes, fidèles alliés de Rome, que les Suèves avaient voulu secourir les Trévires, mais qu’au premier bruit de son entrée en Germanie, ils s’étaient rassemblés en armes au bord de la Forêt-Noire, où ils attendaient qu’on vînt les attaquer.

César dit que la crainte de manquer de vivres en parcourant des pays habités par des Barbares qui ne cultivaient point la terre, l’empêcha de les aller chercher. Il revint dans la Gaule, rompit une partie du pont sur le Rhin, et plaça douze cohortes bien retranchées autour de ce qui en restait.

Il traversa la forêt des Ardennes pour arriver chez les Éburons. Un de ses détachemens fut prêt d’enlever Ambiorix. Sa maison était située dans les bois, comme celle de presque tous les habitans des Gaules, et cette situation le sauva : les bois couvrirent sa fuite ; on pilla tous ses effets.

César divisa son armée en trois corps. Tout le bagage fut porté par ses ordres dans le poste où Titurius et Cotta hivernaient avant leur défaite. Les fortifications qui les avaient si bien garantis de l’attaque des Barbares, étaient conservées dans leur entier. La quatorzième légion, qui faisait partie des trois légions que César venait de lever en Italie, resta sous les ordres de Quintus Cicero pour la garde de ce camp.

César prévint son lieutenant qu’il reviendrait dans sept jours. Le même rendez-vous fut donné à Labienus qui, avec trois légions, marchait vers l’Océan, dans les parties rapprochées du territoire des Ménapes ; et à Trebonius, chargé de dévaster le pays voisin des Udualikes avec un pareil nombre de légions.

Les Éburons, que le proconsul continuait de poursuivre, n’avaient ni troupes à opposer, ni villes, ni citadelles. Des bois, de vastes marécages, étaient leur seule défense. Ils s’y réfugièrent et dressèrent des embûches aux Romains. Les légions ne pouvaient y pénétrer en corps, et les détachemens périssaient frappés par des ennemis dispersés, et en quelque sorte invisibles.

Voulant, comme il le dit lui-même, exterminer et leur nom et leur race, mais désirant surtout épargner le sang de ses soldats, César imagina d’inviter tous les Barbares du voisinage à piller et massacrer cette nation fugitive. L’amour du brigandage en amena une foule prodigieuse : les champs, les cabanes, tout fut dévasté ; mais il résulta de cette invitation abominable un événement que César ne prévit pas, malgré sa grande sagacité.

Les Sicambres, ayant appris que l’on ravageait une contrée de la Gaule avec la permission des Romains, voulurent avoir part au pillage. Ils passèrent le Rhin au nombre de deux mille, et se jetèrent sur le bétail, dont tous les Barbares sont très-avides. Des captifs leur apprirent que César avait laissé ses bagages dans un camp, sous la garde de peu de soldats, et, bien que les Sicambres fussent venus pour dépouiller les ennemis des Romains, ils résolurent aussitôt de piller les Romains eux-mêmes, puisque l’occasion se présentait si belle. Un heureux hasard venait encore à leur secours.

Quintus Cicero, qui, suivant l’ordre de César, devait retenir, avec le plus grand soin, ses soldats dans le camp, crut pouvoir détacher cinq cohortes pour couper du blé à quelque distance. Neuf légions et une cavalerie nombreuse se trouvaient dans les envi-