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quinze peuples de la Belgique, qui, cinq années auparavant, conçurent une autre ligue, avaient pu mettre sous les armes trois cent huit mille combattans.

On doit noter aussi que, de ces quinze peuples, huit seulement se retrouvent dans la liste de César. Les Ménapes, les Veromandues, les Aduatikes, les Condruses, les Éburons, les Gérèses, les Pémanes n’y paraissent point. Les Trévires, qui firent si souvent la guerre aux Romains, n’entrent point dans cette conjuration. Les Lingons et les Rèmes ne s’y montrent pas non plus.

Enfin, César, dans ses Commentaires, nomme environ quatre-vingts peuples de la Gaule. Dans ce nombre, il y en avait plusieurs de l’Allobrogie, d’autres de la Gaule Narbonnaise, qui n’était plus libre ; et nous ne sommes pas sûrs que César ait cité tous les peuples indépendans que la Gaule contenait.

Ces deux listes ne peuvent donc nous donner une idée juste de sa population, dont nous parlerons plus bas. On voit seulement que le plus grand effort que la Gaule ait pu faire, fut de mettre trois cent mille hommes sous les armes ; car, aux deux cent quarante mille qu’elle leva pour secourir Alise, on doit joindre les quatre-vingt mille qui s’y trouvaient renfermés.

Nous avons dit que Rome rassembla jadis deux cent quarante-six mille soldats d’élite contre les incursions des Gaulois ; que plus de cinq cent mille citoyens enregistrés se tenaient tout prêts à se mettre en marche ; que l’on en comptait même huit cent mille en âge de défendre la patrie. Cette ville se trouvait donc alors plus peuplée que la Celtique et la Belgique ne semblent l’être du temps de César.

Si minime que paraisse cette population, les Romains cependant n’eurent garde de mépriser un pareil voisinage ; car aucun peuple du monde ne se montra jamais plus brave que les Gaulois. Les Romains tenaient à leurs enseignes par serment ; chaque Gaulois s’attachait au chef qu’il avait choisi. Mais entre ces chefs la discorde était fréquente. Les divisions qu’elle faisait naître, et le défaut de discipline, indiquent la cause des revers que nos ancêtres éprouvèrent dans tous les temps. Le succès en tout genre appartient moins à l’impétuosité qu’à la constance.

On peut demander encore comment ces Nerves, exterminés cinq années auparavant, purent fournir alors cinq mille hommes ; et ces Venètes, vendus à l’encan, d’où en tirèrent-ils six mille ? Les Aduatikes, réduits comme eux à l’esclavage ; les Éburons, que César fit piller et massacrer, ne donnent plus du moins aucun signe d’existence. Enfin, par quels moyens César se procura-t-il cette liste, et quelle garantie eut-il de son exactitude ?

Cette armée de deux cent quarante mille hommes se trouvait commandée par quatre chefs. Commius, l’un d’eux, ne put résister au mouvement patriotique qui soulevait toute la Gaule, bien qu’il dût sa fortune à César. Labienus en eut connaissance, et tenta de le faire assassiner. Cette action était-elle d’une bonne politique, et capable de ramener les déserteurs au parti des Romains ?

On nomme pour les autres chefs Vergasillaunus, Arverne, parent du brave Vercingetorix ; Virdumar, Ædue, et un Époredorix : car on ne peut dire si c’est celui que César fit prisonnier. À ces quatre chefs on ajouta un conseil de députés des quarante peuples.

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