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Cette nombreuse armée n’avait que huit mille hommes de cavalerie, quoique Vercingetorix en eût renvoyé quinze mille en se jetant dans la place. César dit, dans une autre occasion, que la cavalerie de toute la Gaule ne montait pas à quatre mille hommes ; cependant tous les auteurs conviennent que les Gaulois aimaient à combattre à cheval, et que leur cavalerie était supérieure à leur infanterie. Voilà encore bien des contradictions.

Les Ædues et les Arvernes implorèrent la clémence de César, et le proconsul persuadé qu’en gagnant ces deux nations on soumettrait toutes les autres, leur rendit vingt mille de leurs concitoyens. Mais il avait alors plus de prisonniers que de soldats, puisque, malgré cette restitution, il put encore donner à chaque homme de son armée un captif pour esclave.

Il distribua ses troupes pour les quartiers d’hiver, et prit les siens chez les Ædues, si long-temps fidèles alliés des Romains. C’est à cette grande victoire que finissent les Commentaires.

César ne les écrivit vraisemblablement que dans sa vieillesse, et périt avant de les avoir achevés. Ils furent terminés par un des compagnons de sa gloire ; mais déjà du temps de Suétone on était incertain si le continuateur se nommait Hirtius.

Nous avons donné, autant que nous l’avons pu, une idée exacte des travaux entrepris et exécutés sous Alise ; travaux prodigieux, qui doivent être un sujet éternel d’admiration. Les nombreux traducteurs de César, il faut bien le dire, n’ont rien compris à ces détails militaires, et confondent perpétuellement les deux lignes de contrevallation et de circonvallation.

Napoléon, qui avait plusieurs fois visité les lieux, ne s’est pas attaché à les décrire, et semble plutôt envisager le résultat des opérations. On conçoit cependant combien de tels renseignemens devenaient précieux sous la plume de ce grand homme. Nous continuerons de le citer comme nous l’avons fait à la fin des guerres précédentes. On verra que ses observations, par leur grande justesse, font naître encore bien des doutes à côté de ceux que nous avons exprimés.

« Dans cette campagne, dit-il, César a donné plusieurs batailles, et fait trois grands siéges, dont deux lui ont réussi ; c’est la première fois qu’il a eu à combattre les Gaulois réunis. Leur résolution, le talent de leur général Vercingetorix, la force de leur armée, tout rend cette campagne glorieuse pour les Romains. Ils avaient dix légions, ce qui, avec la cavalerie, les auxiliaires, les Allemands, les troupes légères, devait faire une armée de quatre-vingt mille hommes. La conduite des habitans de Bourges, celle de l’armée de secours, la conduite des Clermontois, celle des habitans d’Alise, font connaître à la fois la résolution, le courage des Gaulois, et leur impuissance par le manque d’ordre, de discipline et de conduite militaire.

« Mais est-il vrai que Vercingetorix s’était renfermé avec quatre-vingt mille hommes dans la ville, qui était d’une médiocre étendue ? Lorsqu’il renvoie sa cavalerie, pourquoi ne pas renvoyer les trois quarts de son infanterie ? Vingt mille hommes étaient plus que suffisans pour renforcer la garnison d’Alise, qui est un mamelon élevé qui a trois mille toises de pourtour, et qui contenait d’ailleurs une population nombreuse et aguerrie. Il n’y avait dans la place des vivres que pour trente jours ; comment donc enfermer tant d’hommes inutiles à la défense, mais qui devaient