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peuples pour lesquels tant de conquêtes furent entreprises.

Parmi les empereurs, Hadrien est celui qui apporta les plus grands changemens dans la milice. Il mêla dans les cohortes la cavalerie avec l’infanterie, et changea la forme et la distribution des camps. Il n’est pas sans intérêt de comparer le camp que nous a fait connaître Hygin, arpenteur de ce prince, avec l’ancienne disposition décrite par Polybe, et qui fut si long-temps en usage.

Dans ce nouveau camp, les légions, étant regardées comme les troupes les plus sûres, campaient le plus près du retranchement, éloigné de soixante pieds des tentes[1]. Ces légions formaient le pourtour du camp, et au centre on plaçait les troupes prétoriennes, étrangères et irrégulières ; la totalité de ce tracé se partageait en trois parties, la prétenture, correspondant à celle où l’on voyait autrefois les extraordinaires ; le prétoire et ses côtés ; enfin la retenture.

Les tentes dont Hygin fait usage ont douze pieds quand elles sont tendues, et contiennent chacune huit hommes ; ainsi dix tentes suffisaient pour une centurie de quatre-vingts hommes et le centurion. Cette bande de cent vingt pieds de long et de trente de profondeur, qu’il appelle strie, formait le logement d’une centurie, qui est la sixième partie de la cohorte, et servait de mesure élémentaire pour établir le campement.

Hygin reconnaît deux espèces de divisions dans la cavalerie : celle de l’aile milliaire, forte de vingt-quatre turmes à quarante et un cavaliers ; et l’autre de l’aile quingenaire, avec seize turmes de vingt et un hommes. Chaque turme était commandée par un décurion, à qui l’on accordait trois chevaux ; un duplaire et un sesquiplaire, qui en avaient chacun deux, ce qui faisait quarante-six chevaux pour la première division, et trente pour la seconde. Il donne à la turme milliaire le même front qu’à la centurie, ou dix tentes ; et à la quingenaire quatre-vingt-dix pieds ou sept tentes. Une cohorte a donc le front de six turmes militaires et de huit quingenaires.

Adoptant le point de départ de Hygin, c’est-à-dire, prenant deux légions fortes de vingt-deux cohortes, à cause de la milliaire qui était double, le premier côté de la prétenture présentera deux doubles rangs de tentes ou stries de deux cent soixante-dix pieds chacun, séparés par la voie prétorienne, qui a soixante pieds ; ce côté contient donc quatre cohortes. Les deux autres côtés de la prétenture qui aboutissent à la voie principale ont chacun trois stries de sept cent vingt pieds ; ce qui fait encore six cohortes.

Au delà de la voie principale, qui a soixante pieds comme la voie prétorienne, commencent les deux côtés du prétoire, qui ont encore chacun trois stries de sept cent vingt pieds, ou six cohortes.

Venait ensuite la voie appelée quintane, qui avait aussi soixante pieds ; et après, de chaque côté, trois stries de quatre cent quatre-vingts pieds, faisant quatre cohortes.

Enfin le dernier côté, étant égal au premier, ne devait avoir qu’une seule strie.

Quand le nombre dès légions augmentait, on augmentait aussi le nombre des stries du pourtour, en observant que la longueur contînt une fois et demie la largeur.

Les stries intérieures de la prétenture ayant six cents pieds de long, chacune contient cinq turmes de quarante et un

  1. Voyez l’Atlas.