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POLYBE, LIV. II.

Contre ceux qui étaient au mont Éva, Antigonus fit marcher les Macédoniens armés de boucliers d’airain, et les Illyriens par divisions alternativement. Cette première ligne était conduite par Alexandre fils d’Acmète, et Demetrius de Pharos. La seconde ligne était d’Acarnaniens et de Crétois. Derrière eux étaient deux mille Achéens tenant lieu de corps de réserve. Sa cavalerie, il la rangea sur la rivière, pour l’opposer à la cavalerie ennemie, et la fit soutenir de mille piétons Achéens et d’autant de Mégalopolitains. Pour lui, prenant les étrangers et les Macédoniens, il marcha vers le mont Olympe pour attaquer Cléomène. Les étrangers étaient à la première ligne. La phalange macédonienne suivait partagée en deux, une partie derrière l’autre ; parce que le terrain ne lui permettait pas de s’étendre sur un plus grand front. Le signal donné aux Illyriens pour commencer l’attaque au mont Éva, était un linge qu’on devait élever proche du mont Olympe, parce qu’ils avaient passé le Gorgyle pendant la nuit, et s’étaient attachés au pied de la montagne. Pour les Mégalopolitains et la cavalerie, c’était une cotte d’armes de couleur de pourpre qu’on élèverait en l’air d’auprès du roi.




CHAPITRE XIV.


Bataille de Sélasie entre Cléomène et Antigonus.


Lorsque le temps de l’attaque fut venu, que le signal eut été donné aux Illyriens, que chacun eut été averti de ce qu’il devait faire, tous se montrèrent et commencèrent le choc au mont Éva. Alors les hommes armés à la légère qui avaient d’abord été joints à la cavalerie du côté de Cléomène, voyant que les derrières des Achéens n’étaient pas couverts, vinrent les charger en queue. Ceux qui s’efforçaient de gagner le haut de la montagne se virent alors fort pressés et dans un grand péril, menacés en même temps de front par Euclidas qui était en haut, et chargés en queue par les étrangers, qui donnaient avec fureur. Philopœmen comprit le danger, et, prévoyant ce qui allait arriver, il voulut d’abord en avertir les chefs, qui ne daignèrent seulement pas l’écouter, par la raison qu’il n’avait jamais commandé, et qu’il était fort jeune. Alors, ayant pressé avec instance ses concitoyens, il fond avec impétuosité sur les ennemis. Les étrangers qui chargeaient en queue, entendant les cris et voyant la cavalerie aux mains, quittèrent les Illyriens pour courir à leurs premiers postes et secourir la cavalerie de leur parti. Pendant ce temps‑là les Illyriens, les Macédoniens et ceux qui avec eux étaient à la première ligne, débarrassés de ce qui les arrêtait, montèrent hardiment et avec confiance contre les ennemis. Cela fit connaître dans la suite, que si l’attaque réussit de ce côté‑là, on en eut l’obligation à Philopœmen. On dit qu’après l’action Antigonus ayant demandé à Alexandre, qui commandait la cavalerie, pourquoi il avait commencé le choc avant que le signal fût donné, celui‑ci ayant répondu que ce n’était pas lui, mais un jeune soldat de Mégalopolis qui avait commencé contre ses ordres, il dit : « Ce jeune homme, en saisissant l’occasion, s’est conduit en grand capitaine, et vous, capitaine, vous vous êtes conduit en jeune homme. »

Euclidas, voyant les ennemis venir à lui, ne pensa plus à se servir de l’avantage du poste qu’il occupait, tandis qu’il devait fondre sur eux, rompre les rangs,