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POLYBE, LIV. II.

sur la nouvelle qu’il reçut que les Illyriens s’étaient jetés sur la Macédoine et la ravageaient, il en partit avec toute son armée. Ainsi se termina cette grande affaire, lorsqu’on s’y attendait le moins. Ce sont là les jeux ordinaires de la fortune. Si Cléomène eût reculé la bataille de quelques jours, ou si, retiré à Sparte, il y eût un peu attendu une occasion favorable de rétablir ses pertes, il se serait maintenu dans la royauté.

À Tégée, Antigonus remit encore la république dans son premier état, et partit deux jours après pour Argos, où il arriva au temps que l’on célébrait les jeux Néméens. De là, après avoir reçu de la république des Achéens en général et de chaque ville en particulier tout ce qui pouvait immortaliser sa gloire et son nom, il s’avança à grandes journées vers la Macédoine. Il y surprit les Illyriens, et les défit en bataille rangée. Mais les efforts qu’il fit en animant ses soldats et en criant pendant l’action, lui causèrent une perte de sang, laquelle fut suivie de je ne sais quelle maladie dont il ne releva point. C’était un prince sur l’habileté et la probité duquel tous les Grecs avaient fondé de grandes espérances. Il laissa en mourant le royaume à Philippe, fils de Demetrius. Je me suis un peu étendu sur cette guerre, parce que, ce temps‑là touchant à ceux dont nous devons faire l’histoire, j’ai cru qu’il serait utile et même nécessaire, suivant mon premier dessein, de faire voir clairement quel était alors l’état des Lacédémoniens et des Grecs.

Vers le même temps, Ptolémée étant mort, Ptolémée Philopator lui succéda. Après la mort de Seleucus, fils de Seleucus Callinicus, qu’on appelait aussi Pogon, Antiochus son frère régna dans la Syrie. Il arriva à ces rois à peu près la même chose qu’à ceux qui, après la mort d’Alexandre, avaient possédé ces royaumes, c’est‑à‑dire que, comme Seleucus, Ptolémée et Lysimachus moururent vers la cent vingt‑quatrième olympiade : ceux‑ci moururent vers la cent trente‑neuvième.

Après avoir jeté les fondemens de toute notre histoire, et avoir montré dans ce prélude en quel temps, de quelle manière et pour quelles raisons les Romains, n’ayant plus rien à conquérir dans l’Italie, commencèrent à étendre au dehors leur domination, et osèrent disputer aux Carthaginois l’empire de la mer ; après avoir fait connaître quel était alors l’état où étaient les Grecs, les Macédoniens et les Carthaginois ; puisque nous sommes enfin arrivés au temps où nous nous étions proposé d’abord de venir, je veux dire à ces temps où les Grecs devaient entreprendre la guerre sociale, les Romains celle d’Annibal, et les rois d’Asie celle de la Cœlo-Syrie, nous ne ferons pas mal de finir ce livre où finissent les événemens précédens, et où sont morts les princes qui en ont été les auteurs.